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 Bienvenue sur le site de Jean Caille
   (1913-2016)

Dédié à tous les prisonniers de guerre 

 

UN RETOUR DIFFICILE

ICRC archives (ARR) Gare Constance station. Rapatriement à travers la Suisse des malades ou des prisonniers de guerre français blessés.

Les prisonniers de guerre, le retour d'Allemagne

les-sanglots-longs-des-violons.eklablog.com

Si certains, à l’image de R.Claudel se sentent envahis de bonheur en arrivant en France et dont les retrouvailles avec ce qu’il reste de leur famille parviennent à effacer  « en une minute tant attendue, cinq années d’exil et de travaux forcés », ce n’est, comme pour mon père, (qui semble avoir beaucoup moins souffert que lui) loin d’être le cas de tous les prisonniers de guerre Car lorsqu’ils rentrent dans leur pays en 1945, tout a changé : la France ne correspond plus à celle qu’ils ont quittée cinq ans auparavant et encore moins à celle qu’ils ont souvent idéalisée.

Arrivée à la gare de l'Est à Paris. Source : SGA/DMPA 

        LIENS ET DOCUMENTATION


Musique

 

 

Les yeux de mon père Michel Sardou qui prend aux tripes


Films et Vidéos 


Voici quelques documentaires sur la libération de prisonniers français en Allemagne et leur retour à Paris.

 

Vidéos assez courtes mais éloquentes sur l'arrivée à Paris de P.G

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Sur le site de l'INA, voici une petite vidéo d'époque commentée. Les soldats retrouvent leurs proches après 5 longues années d'absence.

 

 

 

 

 

 

Articles

 

Voici un très bon article de France Info de Carole Bélingard paru le 8 mai 2015 sur le retour des prisonniers français en mai 1945. Il évoque les retrouvailles avec les enfants qui ne connaissaient pas leur père.

 

Des retrouvailles difficiles

 

Blogs et sites

 


Voici un lien intéressant qui dresse une liste de blogs recensant des témoignages d'ex-prisonniers dans différents stalag. Mais, ce site n'est pas uniquement consacré aux P.G., c'est également une vraie mine en histoire de France :

 

Site de Dona Rodrigue


 

Je suis tombée sur le site de Cœur sans frontière un peu au hasard de la navigation. Il s'agit d'une association qui a pour but d'aider des personnes à retrouver un parent dont la seconde guerre mondiale les a séparés. Ces bénévoles sont tout-à-fait remarquables.  Je vous invite à vous y rendre et à les soutenir :

 

Cœurs sans frontière

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

Cliquez sur l'image pour aller sur le Site

 

Livres

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les journaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les retrouvailles d'un père et de son fils

Après avoir vécu la bataille de France et son lot d’horreurs, la débâcle, le statut de prisonnier exilé et de nombreuses maltraitances, les bombardements des Alliés, la débâcle Allemande pour un certain nombre d’entre eux, un retour le plus souvent chaotique, des files d’attente dans des centres noyés sous l’afflux de rapatriés et manquant de moyens, les prisonniers de guerre sont à bout de nerfs et terriblement déçus par l’accueil qui leur est réservé. Pourtant, de nombreux ex prisonniers se sont portés volontaires pour les aider dans ces Centres, mais les rapatriés ressentent l’indifférence des Français, ainsi que le témoignage de Depoux, passé par la Belgique, s’en fait l’écho. Il ne peut d’ailleurs que constater la différence avec l’accueil reçu en Belgique :


« 14 juin à 12 heures arrivée à Orléans. Le centre d’accueil est installé dans des wagons, repas sommaire, correct, population indifférente. Le cœur n’y est pas comme en Belgique. La différence est trop sensible pour que nous ne la remarquions pas et cela nous fait de la peine, beaucoup de peine ; de notre côté, nous sommes contraints d’adopter une attitude réservée. Encore une illusion qui s’envole. »


Beaucoup abordent leur retour au foyer avec appréhension. Que vont-ils trouver ? Quel visage ont ceux qu’ils ont quittés il y a cinq ans ? Est-ce que tout le monde aura survécu à la guerre et à l’occupation ? Bien souvent les prisonniers de guerre devront faire face à des problèmes familiaux et professionnels ou souffriront de soucis de santé assez graves. Combien trouveront une maison désertée par une épouse infidèle, partie refaire sa vie avec un autre ? Et pour tous les autres, il faudra se réadapter à la vie en commun avec des enfants qui connaissent à peine leur père voire pas du tout ; une famille qui ne reconnait pas toujours en celui qui franchit le seuil de la maison le père ou le mari qui les a quittés et que l’expérience de la captivité aura changé à jamais.

« 14 juin à 12 heures arrivée à Orléans. Le centre d’accueil est installé dans des wagons, repas sommaire, correct, population indifférente. Le cœur n’y est pas comme en Belgique. La différence est trop sensible pour que nous ne la remarquions pas et cela nous fait de la peine, beaucoup de peine ; de notre côté, nous sommes contraints d’adopter une attitude réservée. Encore une illusion qui s’envole. »

Beaucoup abordent leur retour au foyer avec appréhension. Que vont-ils trouver ? Quel visage ont ceux qu’ils ont quittés il y a cinq ans ? Est-ce que tout le monde aura survécu à la guerre et à l’occupation ? Bien souvent les P.G. devront faire face à des problèmes familiaux et professionnels ou souffriront de soucis de santé assez graves. Combien trouveront une maison désertée par une épouse infidèle partie refaire sa vie avec un autre ? Et pour tous les autres, il faudra se réadapter à la vie en commun avec des enfants qui connaissent à peine leur père voire pas du tout ; une famille qui ne reconnait pas toujours en celui qui franchit le seuil de la maison le père ou le mari qui les a quittés et que l’expérience de la captivité aura changé à jamais.

Nombre de P.G. par ailleurs sont totalement déprimés en constatant, à leur retour, l’état du pays. Ils souffrent de la mauvaise image que Vichy a laissée d’eux en faisant de leur sort un outil de propagande pour appuyer une politique collaborationniste. Et il faut comprendre, qu’à la fin de la guerre, à l’heure où les français vouent une admiration sans borne à De Gaulle et aux héros de la résistance, les P.G., en plus d’être injustement associés à la défaite se retrouvent au second plan des préoccupations nationales. Ainsi parle Yves Durand :

« Beaucoup ont éprouvé, en rentrant, quelques difficultés à se faire à l’idée qu’avaient d’eux leurs compatriotes. Encore aujourd’hui, on trouve dans les récits de prisonniers ce sentiment d’avoir été incompris et comme un besoin de se justifier. […] En 1945, les P.G ne sont pas les seules ni même les principales victimes. Il y a les S.T.O. Il y a surtout les déportés. Nul ne songe à nier que ceux-ci ont été traités de façon beaucoup plus odieuse et inhumaine dans les camps de concentration. […] Ils (les prisonniers) s’en trouvent […] ramenés au second plan dans la hiérarchie de ceux qui ont souffert. […] ils sont devenus une masse anonyme appelée tout simplement à reprendre sa place dans la communauté moyenne des français »

Sentiment partagé également par L. Quinton qui ne dit pas autre chose (p282/283 et 285) :

« Face aux combattants de la France libre, les P.G. ne font donc pas le poids. Ils n’incarnent pas autant qu’eux l’actualité et la modernité de la guerre, et la vitalité qu’elle peut provoquer. Bien plus, ils sont des ‘rescapés’ de l’ancien monde, et non des acteurs du nouveau monde. […] La captivité les a figés dans une identité qu’ils ont voulu préserver pour survivre. A leu retour, ils ont du mal à se retrouver dans la vie... Les P.G. souffrent de ne plus adhérer au monde qu’ils retrouvent. […] Ils souffrent de la logique de comparaison qui dévalue automatiquement leur vie et l’expérience vécues en Allemagne. »

Et à l’appui de cette constatation L. Quinton cite sur le témoignage de G.Hyvernaud en page 20 de ‘La peau sur les os’, alors que ce dernier assiste à un repas de famille où il se trouve comparé aux résistants et aux déportés :

« Tout le monde est gentil avec moi, je ne peux pas me plaindre.[…] Ils me disent : « Les prisonniers, ce n’était pas comme les déportés. » Je réponds « bien sûr, ce n’était pas la même chose. »

Comment en effet soutenir la comparaison ? On comprend bien ici la difficulté pour les P.G. d’exprimer toute l’horreur qu’ils ont vécue. En les comparants, on leur interdit ce droit. Dès lors comment s’étonner de leur silence et des plaies qui, pour certains, ne cicatriseront

 ICRC archives (ARR) Jacques de MORSIER 05/06/1946 Guerre 1939-1945. Thorée par La Flèche (Sarthe). Dépôt 402. Camp de prisonniers de guerre allemands en mains françaises.  Petite salle des grands malades de l'hôpital

ICRC ARCHIVES Allemagne - 1945.

Après-guerre 1939-1945. Zone d'occupation française, Offenbourg. Centre d'accueil et de transit pour les prisonniers de guerre et déportés libérés par la fin de la guerre.

V-P-HIST-E-04705

ICRC archives (ARR) 1945 malades ou blessés français prisonniers de guerre à leur arrivée en France après leur rapatriement par la Suisse. V-P-HIST-03233-23A

ICRC archives (ARR) France - Guerre 1939-1945. Arrivée en France de prisonniers de guerre rapatriés en transit par la Suisse. V-P-HIST-03483-16A

Le journal "LE PETIT PARISIEN" du lundi 13 septembre 1943

Nombre de prisonniers par ailleurs sont totalement déprimés en constatant, à leur retour, l’état du pays. Ils souffrent de la mauvaise image que Vichy a laissée d’eux,  faisant de leur sort un outil de propagande pour appuyer une politique collaborationniste. Et il faut comprendre, qu’à la fin de la guerre, à l’heure où les Français vouent une admiration sans borne à De Gaulle et aux héros de la résistance, les prisonniers de guerre, en plus d’être parfois injustement associés à la défaite, se retrouvent au second plan des préoccupations nationales. Ainsi parle Yves Durand :


« Beaucoup ont éprouvé, en rentrant, quelques difficultés à se faire à l’idée qu’avaient d’eux leurs compatriotes. Encore aujourd’hui, on trouve dans les récits de prisonniers ce sentiment d’avoir été incompris et comme un besoin de se justifier. […] En 1945, les P.G ne sont pas les seules ni même les principales victimes. Il y a les S.T.O. Il y a surtout les déportés. Nul ne songe à nier que ceux-ci ont été traités de façon beaucoup plus odieuse et inhumaine dans les camps de concentration. […] Ils (les prisonniers) s’en trouvent […] ramenés au second plan dans la hiérarchie de ceux qui ont souffert. […] ils sont devenus une masse anonyme appelée tout simplement à reprendre sa place dans la communauté moyenne des français »

 

Sentiment partagé également par L. Quinton qui ne dit pas autre    chose (p282/283 et 285) :


« Face aux combattants de la France libre, les P.G. ne font donc pas le poids. Ils n’incarnent pas autant qu’eux l’actualité et la modernité de la guerre, et la vitalité qu’elle peut provoquer. Bien plus, ils sont des ‘rescapés’ de l’ancien monde, et non des acteurs du nouveau monde. […] La captivité les a figés dans une identité qu’ils ont voulu préserver pour survivre. A leu retour, ils ont du mal à se retrouver dans la vie... Les P.G. souffrent de ne plus adhérer au monde qu’ils retrouvent. […] Ils souffrent de la logique de comparaison qui dévalue automatiquement leur vie et l’expérience vécues en Allemagne. »


 Et à l’appui de cette constatation L. Quinton cite sur le témoignage de G.Hyvernaud en page 20 de ‘La peau sur les os’, alors que ce dernier assiste à un repas de famille où il se trouve comparé  aux résistants et aux déportés :

 

« Tout le monde est gentil avec moi, je ne peux pas me plaindre.[…] Ils me disent : « Les prisonniers, ce n’était pas comme les déportés. » Je réponds « bien sûr, ce n’était pas la même chose. »

 

Comment en effet soutenir la comparaison ? On comprend bien ici la difficulté pour les prisonniers de guerre d’exprimer toute l’horreur qu’ils ont vécue. En les comparants, on leur interdit ce droit. Dès lors comment s’étonner de leur silence et des plaies qui, pour  certains, ne cicatriseront jamais.

Se pourrait-il qu’une souffrance, aussi terrible que fût celle des malheureux déportés, puisse en accepter une autre, voire l’annihiler ? La question que l’on est en droit de se poser au vue de cette injustice est la suivante :


Journal LA RESISTANCE "La voix de Paris"  8 mai 1945

Le journal du FIGARO du 24 juillet 1945 p 1  et 2

Journal LE FRANC TIREUR du mercredi 15 août 1945

 


L’État français n’a-t-il pas profité opportunément de « cette aubaine » que représentait l’horreur absolue de la déportation pour museler les prisonniers de guerre permettant ainsi de les indemniser de façon assez dérisoire (voire pas du tout en ce qui concerne mon père, par exemple) mais, plus encore, de dédouaner de leurs responsabilités les nombreuses personnalités impliquées dans la défaite éclair, dans la désorganisation de l’armée française et dans la perte de centaines de milliers de vie ? Car, en définitif, on a fait porter le déshonneur à Pétain et à certains de ses collaborateurs – déshonneur que personne ne nie – mais on a préservé l’honneur de grands chefs militaires, de chefs d’entreprise et de personnalités publiques et politiques qui auraient pourtant bien mérité d’être épinglés par l’histoire.


Au final, les prisonniers de guerre auront donc eu l’impression justifiée d’avoir été les oubliés de l’histoire. D’ailleurs, si la France a beaucoup plaint le sort de ses soldats au début de leur captivité, Yves durand note des signes d’oubli progressif après 1943, notamment dans la Presse. Je pense que ce sentiment d’abandon de la société française est d’autant plus violent pour la plupart des prisonniers qu’il provoque chez certains la résurgence de la honte ressentie à la débâcle, celle dont ils ont cherché à se défaire durant leurs années de captivité. Et tout ceci ne sera, on peut le comprendre, pas propice à leur reconstruction, d’autant que les séquelles d’une si longue captivité sont immenses dans de nombreux cas.

Devant l’accueil pour le moins passif de la France et l’incompréhension des familles qui par ailleurs ont subi également l’horreur de l’occupation, beaucoup éprouveront des difficultés à parler de ce qu’ils ont vécu, préféreront le silence ou même les mensonges. Ainsi L.Quinton fait état de cette incapacité à s’exprimer en citant le témoignage Georges Hyvernaux dans ‘La peau sur les Os’ en page 30 et 31 dont la narration des souvenirs de captivité ressembleront plus à celle « d’un voyage » :



« […] Voilà ce que j’ai rapporté de mon voyage : une demi-douzaine d’anecdotes qui feront rigoler la famille à la fin des repas de famille. Mes vrais souvenirs, pas question de les sortir. D’abord ils manquent de noblesse. Ils sont même plutôt répugnants. Ils sentent l’urine et la merde. Ça lui paraîtrait de mauvais ton, à la famille. Ce ne sont pas des choses à montrer. On les garde au fond de se, bien serrées, bien verrouillées, des images pour soi seul, comme des photos obscènes cachées dans un portefeuille sous les factures ou les cartes d’identités. »



En définitive, devant l’ensemble des situations vécues en captivité et quelles qu’aient été les différentes façons pour les P.G. d’appréhender leur sort, Y.D en tire la conclusion qui s’impose et à laquelle j’adhère totalement :



« En fin de compte, devant le sort cruel que leur avait réservé la guerre, les prisonniers ont réagi simplement comme des hommes. Cette humanité profonde, avec ses faiblesses autant qu’avec ses générosités, donne à l’histoire de la captivité une part essentielle de son intérêt. »



Pour sa part, Jean, mon père, ne m’a jamais parlé de ce sentiment de honte suite à la défaite, si prégnant dans les récits de prisonniers et dont L.Quinton dit qu’elle est étroitement liée avec l’indignité. Ainsi à la honte de la défaite, s’ajoutera celle d’avoir été traité comme une « bête ».



« La honte dévoile généralement une réalité de soi que l’on juge indigne de soi : la nudité, la crasse, la faiblesse, la lâcheté, la bêtise, l’humiliation subie, la déchéance physique ou psychologique…Qui peut allégrement accepter sa propre indignité ? Qui peut accepter d’être sale, hideux, ridicule, grotesque et parfois même sans figure humaine ? »



Je pense aujourd’hui que ces sentiments de honte et d'humiliation, Jean s’est toujours refusé à les ressentir. Peut-être, parce que  son sens critique très fort l’en a préservé. Déjà, depuis son enfance, il trainait une certaine colère - presque un héritage familial – envers la France politique et militaire. Colère qui n’avait fait que s'accentuer pendant son service militaire en 35. Dès lors, si à l'image  ses camarades d’infortune, il a été frappé par de tels sentiments durant sa captivité, alors ceux-ci sont directement venus l'alimenter.

Il s'est personnellement détaché de la défaite française de 1940 et de cette "déchéance" dont parle Quinton,  laissant cette responsabilité toute entière aux dirigeants politiques.  Dès lors, sa fierté semble n'avoir pas vraiment été affectée, et d’ailleurs toutes ces indignités dont il a probablement lui aussi été victime et dont parlent les prisonniers de guerre dans leurs récits, Jean les évoque très peu pour sa part ou ne s’attarde pas vraiment dessus. (Ainsi, il ne m'a jamais parlé des conditions de son transfert en wagons vers l’Allemagne et finalement assez peu de la façon déshumanisante avec laquelle il a été traité à son  arrivée à Kaisersteinbrück.)

Même à Lavamünd, l’épreuve qui semble avoir été la plus traumatisante, il se contente souvent d'établir des constats sur ses difficiles conditions de survie et ne parle pas vraiment de sentiments de honte ou de dégoût face aux indignités morales et physiques qu’il a subies.

Sa vision 70 ans plus tard demeure toujours assez pragmatique : il s’agissait d'axer toute son énergie sur la survie et son 'après' (d'où l'importance de ne pas  commettre d'actions qui auraient pu corrompre son âme).

Toutefois, si sa colère l'a en quelque sorte préservé pendant 5 ans, elle lui a néanmoins pourrit la vie jusqu’à sa mort, ensuite.  Car, comme le conclut L. Quinton, mon père fait assurément partie de cette masse de P.G. pour lesquels les causes et les conséquences de la défaite sur sa vie n’ont, de toutes évidences, jamais été digérées.

Les Allemands prisonniers de guerre...

 

Il faut noter que, même si l'histoire l'a oublié (personnellement je l'ignorais), à la fin de la guerre environ 1 000 000 de P.G. allemands cette fois,          50 000 Italiens et 50 000 Autrichiens ont été contraints de participer à la reconstruction de la France jusqu'à fin décembre 1948 soit pendant presque 4 ans. Ironie du sort, ils furent employés aux mêmes tâches que celles qu'ils avaient réservées à leurs propres prisonniers de guerre : dans les mines de charbons, les usines, les ateliers et dans l'agriculture. Ils ne furent ni moins bien ni mieux traités que les prisonniers. français et           20 000 d'entre eux décédèrent même de leurs mauvaises conditions de vie et de travail. De la même façon certains nouèrent des relations d'amitié avec leurs patrons français. Ils durent leur salut à La Croix Rouge et la Presse française qui finirent par s'alarmer de leurs mauvais traitements. La France soucieuse de son image internationale leur proposa alors de devenir des travailleurs libres à l'identique de ce qui avait été proposé aux Français en 1942, avec une rémunération et même la possibilité de rester en France. Le pire, et là aussi, cela est méconnu du public, en 1945, ils connurent dans des dépôts français des conditions effroyables digne de ce qu'ils firent eux-même subir aux prisonniers russes. Comme mon père le dit dans son témoignage concernant certaines scènes qui se sont déroulées à deux pas de lui, la barbarie avait alors changé de camp !

ICRC archives (ARR) 21/05/1948 Guerre 1939-1945. Saint-Fons. Dépôt 141. Camp de prisonniers de guerre allemands. Visite de S.E. le cardinal Gerlier.

ICRC archives (ARR) 28/01/1947 Guerre 1939-1945. Billy-les-Mangiers. Prisonniers de guerre allemands. Commando des eaux et forêts dépendant du dépôt 203 de Bar-le-Duc (Meuse).V-P-HIST-03460-16A

ICRC 17/07/1946 , Jacques de MORSIER Guerre 1939-1945. Evron (Mayenne). Dépôt 42. Camp de prisonniers de guerrre allemands. Intérieur d'une baraque, lits à trois étages.

ICRC 16/09/1945 guerre 1939-1945. Sarthe, La Flèche, dépôt 402. Camp de prisonniers allemands. Prisoniers souffrant de malnutrition

Et j'ai choisi la photo la plus "regardable" !

ICRC archives (ARR) 1946 Guerre 1939-1945. Pithiviers (Loiret). Prisonniers de guerre allemands travaillant dans une sucrière.

ICRC 07/05/1944 Jacques de MORSIER, Guerre 1939-1945. Thorée par La Flèche (Sarthe). Dépôt 402. Camp de prisonniers de guerre allemands en mains françaises. Tentes.

ICRC 13/03/1947 Guerre 1939-1945. Guémar (Haut-Rhin). Camp de déminage. Orchestre de prisonniers de guerre allemands

ICRC archives (ARR) 03/1945 Guerre 1939-1945. Chânes. Cimetière de prisonniers de guerre allemands.

 

Je pense que comme moi, vous serez frappés par la similitude des images avec les conditions de vie des P.G. français.

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