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 Bienvenue sur le site de Jean Caille
   (1913-2016)

Dédié à tous les prisonniers de guerre 

 

LES RUSSES : DES PRISONNIERS A PART

ICRC 1941 Höhenstein (Prusse-Orientale), Stalag I B. Portrait de trois prisonniers de guerre russes.

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Films et Vidéos 

 

 

Pour en savoir un peu plus sur les P.G. russes, ce document formidable d’Arte  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La chasse aux lapins du Mühlviertel » ou l'histoire d'une juste Maria Langthaler seule contre la barbarie.

 

 

 

 

 

 

 

 


Ce sujet n’est pas évoqué dans le livre mais revient dans de nombreux témoignages de prisonniers et il m’a semblé intéressant de l’évoquer.

Malgré leur grande détresse et une extrême précarité parfois, Y.D note que « le comportement des sentinelles à l’égard des P.G. français, n’a évidemment rien de commun, dans l’ensemble, avec celui dont les Russes ont été victimes » Les Russes ont eu droit à un traitement particulièrement inhumain qui n’a d’ailleurs pas manqué de choquer les esprits des témoins.

Ils arrivent en masse après l’invasion de l’URSS milieu 1941. Les Allemands les considèrent à l’image des Juifs comme des sous-hommes (à ce propos lisez « Le tunnel » d’André Lacaze qui évoque également le sort horrible réservé aux prisonniers russes, et qui explique en partie la férocité de ces derniers à l’égard des Allemands à la fin de la guerre). Les prisonniers français assistent aux horreurs dont ils sont les victimes sans pouvoir alléger leurs souffrance. Isolés par des barbelés de séparation et entassés dans des baraquements


auparavant occupés par des prisonniers d’autres nationalités, les prisonniers de guerre français et belges ont interdiction formelle, sous peine de représailles, de leur prêter le moindre secours. Ambrière les a vu arriver dans son stalag. Nous sommes le 18 août 1941 et les Français consignés dans leur baraque assistent impuissants par les interstices des portes et des volets clos pour l'occasion au calvaire de ses miséreux. Son témoignage est bouleversant ; chaque mot est un coup de massue et renvoie à une description si forte qu'on peut vivre l'instant comme si on y assistait réellement :

"Amenés par la route des marais du Pripet aux abords du Rhin, après deux mois de marche, les premiers prisonniers russes arrivèrent à Limburg si hâves, si décharnés, si titubants, qu'ils figuraient plutôt une légion de fantômes qu'une colonne de soldats. Soldats, d'ailleurs, ils ne l'étaient pas tous : il y avait parmi eux des vieillards, et des enfants de dix à douze ans [...] Vêtus de loques innommables, leurs yeux sans regard dans des visages amenuisés à la peau jaune et grise, ils se trainaient sur l'allée principale du camp avec une lenteur hallucinante, devenus par l'excès même de leurs souffrances si insensibles à ce qui les environnait, que ni les aboiements des molosses le long de leur théorie lamentable, ni les hurlements furieux de l'escorte, ni les coups de botte et les coups de crosse qui pleuvaient sur leurs reins, ne hâtaient d'un quart de seconde le mouvement de leur pied sanglant, enveloppé de pauvres linges, que la jambe soulevait à peine pour le porter douloureusement en avant, et qui marquait un temps d'arrêt à l'instant de retomber, comme pour se préparer à soutenir ce poids du corps que le genou ne recevrait pas sans fléchir. Beaucoup étaient si épuisés qu'ils ne tenaient debout qu'en s'accrochant deux à deux, épaule contre épaule; ou encore par groupes de trois, le plus faible entre les deux autres, doublement étayé par ses camarades dans un enlacement réciproque. Si d'aventure l'homme du milieu s'affaissait, l'unité de cette grappe vivante n'était pas rompue, car les deux autres compagnons auxquels ses bras demeuraient noués continuaient de progresser de la même allure d'épouvante, en le tirant par le buste, avec ses jambes mortes et ses pieds écorchés qui raclaient le sol."

 

 R. Claudel se souvient lui aussi de leur arrivée à Keisersteinbruch au début de l’hiver 1941-1942.


« […]La neige avait déjà fait son apparition et de grandes tentes avaient été dressées en dehors du camp, là où nous-mêmes en 1940 avions été parqués. Un peu de paille pour couvrir le sol et dissimuler la neige qui n’a même pas été enlevée et voilà les abris qui furent donnés à ces malheureux. Pouvait-on dire qu’ils étaient tous soldats ? On ne saurait l’affirmer en voyant la jeunesse de certains ; ils avaient dû être emmenés lors du nettoyage du terrain conquis. Ils semblaient épuisés, et lors des rassemblements, ni les coups de bottes, ni les coups de crosses ne les faisaient marcher plus vite.[…]nous regardions ces soldats russes qui avaient été si vaillants au combat, supporter sans rien dire ces humiliations. Peu de jours passaient sans que nous entendions des coups de feu claquer, sans que nous voyions passer des charrettes de cadavres que l'on conduisait à la fosse commune… »


Dans les débuts, les Français notent qu’il en meurt trente à quarante par jour qu’ils ont ordre d’ailleurs d’enterrer dans des fosses communes. Ce sont souvent des hommes très jeunes réduits à l’état de squelettes, malades et qui sont soumis à des brutalités extrêmes.Y.D nous donne le témoignage de l’homme de confiance du Stalag XII F qui a pu pénétrer une fois dans le camp russe de Bain-Saint-Jean en Moselle.


« L’impression dominante en entrant était celle de pénétrer dans un autre monde. Silencieux et immobiles, ces pauvres hommes paraissaient attendre la mort sans aucune réaction… »


Ambrière se souvient de la honte qui fut celle de nombreux Français à assister au martyre des Russes sans rien tenter pour alléger leurs souffrances. Néanmoins, il explique qu'il n'était pas rare que les Français leur envoient la nuit, au dessus des barbelés, des paquets contenant le peu qu'ils avaient. Il reconnait que ces offrandes étaient symboliques car ils ne suffisaient évidemment pas ravitailler plusieurs milliers d'hommes, mais par la suite, les Russes qui n'hésitaient pas, au péril de leur vie, à franchir de nuit les barbelés pour se rendre dans les baraquements français furent à chaque fois aidés et approvisionnés. Ambrière tire une fierté que d'avoir pu en sauver beaucoup de la solitude et certain d'une mort certaine.

Les épidémies ne tardent pas à voir le jour dans ces camps obligeant les Allemands, qui craignent pour leur sécurité et celle des prisonniers français, à mener une campagne de vaccination. Dans ces conditions, on comprend la mauvaise volonté au travail des Kommandos russes, systématiquement affectés aux pires besognes et qui offrent à leurs bourreaux les moins bons rendements ; leur détresse est telle qu’ils se portent volontaires en masse pour le peloton d’exécution.

Il semble néanmoins que leurs conditions aient évolué au fil des années vers une captivité presque identique à celle des autres prisonniers. Néanmoins, à l'inverse de leurs co- pensionnaires des stalags, ils ne recevaient jamais aucun colis ni courriers. Ambrière explique que, si dans les premières années, la volonté des Allemands était de cloisonner les différentes races, l'afflux innombrable des prisonniers leur fit force d'installer "au hasard et non plus selon leur origine tous ceux que le destin leur adressait"; ainsi, les nouveaux arrivants Russes s'ajoutèrent à la multitude des ressortissants de nationalités différentes et, de ce fait,  ils participèrent aux activités générales, dont le commerce en sous-main. Selon Ambrière, tandis que les Italiens revendaient des pommes de terre chapardées dans les cuisines allemandes, les Américains, leurs stylos, montres, pull-over et dents en or, les Russes pour leur part se sont spécialisés dans les vêtements qu'ils confectionnaient avec du drap volé aux Allemands. Ils avaient monté une véritable industrie dans laquelle se négociaient pantoufles, vareuses et calots qu'ils échangeaient contre du pain et du tabac. Les Français et les Belges qui étaient surtout amateurs de linge étaient leurs principaux clients. Mais, souligne Ambrière :

 

"Avant de participer ainsi à la vie des stalags et de jouir d'un statut de captivité normal, ils étaient passés par une longue épreuve, si terrible qu'après cinq ans ceux qui en furent les témoins déchirés n'en ont pas encore épuisé l'horreur."


Le sort qui est réservé aux Russes par la Wehrmacht et par les SS amène à relativiser la bienveillance des populations civiles à l’égard des prisonniers, car si quelques-uns ont aidé volontiers les prisonniers français, ne se seraient-ils pas comportés comme des monstres s’ils avaient été soviétiques ? La question peut se poser en effet si l’on se réfère à l’histoire de « la chasse aux lapins du Mühlviertel » qui relate la façon dont les paysans autrichiens vivant aux alentours de Mauthausen ont abattu de sang-froid et de façon atroce, à l’appel des Nazis, 408 évadés Russes trois mois avant la fin de la guerre. Une semaine plus tard et après une chasse à l’homme redoutable d’efficacité, seuls 11 chanceux ont survécu à cet horrible massacre et ce n’est pas le courage d’une seule femme, Maria Langthaler et de quelques autres qui peut faire oublier la barbarie des autres. Voilà une histoire peu connue qui glace le sang. ( pour plus de renseignements sur cette histoire, vous trouverez un lien sur cette même page)

 

Y.D nous donne le témoignage de l’homme de confiance du Stalag XII F qui a pu pénétrer une fois dans le camp russe de Bain-Saint-Jean en Moselle.


« L’impression dominante en entrant était celle de pénétrer dans un autre monde. Silencieux et immobiles, ces pauvres hommes paraissaient attendre la mort sans aucune réaction… »


Les épidémies ne tardent pas à voir le jour dans ces camps obligeant les Allemands, qui craignent pour leur sécurité et celle des P.G français, à mener une campagne de vaccination. Dans ces conditions, on comprend la mauvaise volonté au travail des Kommandos russes, systématiquement affectés aux pires besognes et qui offrent à leurs bourreaux les moins bons rendements ; leur détresse est telle qu’ils se portent volontaires en masse pour le peloton d’exécution.

Le sort qui est réservé aux Russes par la Wehrmacht et par les SS amène à relativiser la bienveillance des populations civiles à l’égard des prisonniers, car si quelques-uns ont aidé volontiers les P.G. français, ne se seraient-ils pas comportés comme des monstres s’ils avaient été soviétiques ? La question peut se poser en effet si l’on se réfère à l’histoire de « la chasse aux lapins du Mühlviertel » qui relate la façon dont les paysans autrichiens vivant aux alentours de Mauthausen ont abattu de sang-froid et de façon atroce 408 évadés Russes trois mois avant la fin de la guerre à l’appel des Nazis. Une semaine plus tard et après une chasse à l’homme redoutable d’efficacité, seuls 11 chanceux ont survécu à cet horrible massacre et ce n’est pas le courage d’une seule femme,Maria Langthaler et de quelques autres qui peut faire oublier la barbarie des autres. Voilà une histoire peu connue qui glace le sang.

Prisonniers russes et ukrainiens de Rawa Ruska  

Des prisonniers russes au STALAG XIB 357